Par Dominique Folscheid, Professeur de Philosophie à l’Université de Marne la Vallée

Transgresser n’est pas nouveau. Transgresser est humain. Sans transgression toujours possible, il n’y aurait pas d’humanité, pas de moralité. Car pour transgresser, il faut des limites et des interdits, tandis que l’animal, lui, ne connaît que des bornes, qu’il ne saurait déborder. La transgression est la preuve de l’existence de la liberté comme puissance des contraires.
Ce qui est nouveau, c’est cette culture de la transgression qui se répand progressivement dans tous les domaines. En prônant et en légitimant la transgression, on ne met pas fin à la moralité, on l’inverse : il faut transgresser. Ce qui nous conduit à une situation paradoxale, en médecine comme dans les mœurs, où il faut à la fois récuser interdits et « tabous » tout en les maintenant actifs pour pouvoir les transgresser.