Par l’A.E.S.
A l’issue d’une année de réflexion consacrée au thème général Homme et femme Il les créa, l’Académie d’éducation et d’études sociales, fidèle à sa mission d’éducation, souhaite proposer trois ou quatre pistes de réflexion en vue de l’action.
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1. Notre société ne peut être fondée sur l’individu et l’éphémère, mais sur le groupe et sur le temps.
À force d’exalter l’individu, ses plaisirs et ses droits comme si cet individu était seul au monde, et de prôner le culte de l’instant comme si l’homme ne s’accomplissait pas dans la durée, on coupe l’être humain de ses racines et tous les contresens sur l’homme deviennent possibles.
D’où la nécessité de :
faire comprendre aux jeunes que la vie sociale – qui repose sur l’altérité – ne peut atteindre un minimum d’harmonie que par l’acceptation de droits et devoirs réciproques au service du bien commun, et non par la satisfaction arbitraire de tous les désirs.
retrouver le sens du temps, et en particulier le rôle fondamental que joue la succession des générations dans la destinée humaine.
découvrir à nouveau, sur ces deux points, la fonction essentielle de la famille, fondée sur l’union de l’homme et de la femme dans la durée, pour l’engendrement d’enfants reliés à eux dans l’amour.
2. Repenser une stratégie d’éducation des garçons et des filles.
3. Quelle vision nouvelle peut-on proposer aujourd’hui des rôles masculin et féminin dans la société ?
Les dernières décennies du XXe siècle ont vu s’uniformiser l’éducation des garçons et des filles. Des modes « unisexes » allant du domaine du vêtement aux études et aux loisirs à l’identique, les différences se sont estompées, au point que toute éducation spécifique est spontanément soupçonnée aujourd’hui d’être « inégalitaire ». Une fois l’éducation achevée, les rôles masculin et féminin sont d’ailleurs devenus interchangeables, au foyer comme dans la vie professionnelle. Or parallèlement, on constate une crise de l’identité sexuelle, en particulier une crise de l’identité masculine, et une perte des repères familiaux.
L’Académie considère que cette question est à repenser entièrement :
même si garçons et filles sont le plus souvent élevés ensemble, il doit pouvoir exister des lieux ou des moments éducatifs, notamment à l’adolescence, où chacun des deux sexes puisse s’exprimer et se construire hors du regard de l’autre.
la différence homme/femme est un invariant humain fondamental. Mais les rôles masculin et féminin sont à réinventer selon les époques. L’accès égal des hommes et des femmes à l’instruction et aux métiers peut laisser place à la recherche d’une distinction des rôles dans la manière d’être plutôt que dans le faire.
l’aspiration au don de soi, commune à tout être humain et donc aux deux sexes, doit pouvoir fournir un fil conducteur pour inventer une nouvelle complémentarité.
la paternité et la maternité sont au cœur de la destinée humaine. Ne convient-il pas de partir de l’analyse de leurs ressorts respectifs permanents pour imaginer une façon équilibrée de les exercer aujourd’hui ?
4. Réfléchir à une éducation à la maîtrise de soi.
On parle beaucoup aujourd’hui de la maîtrise du monde, moins de la maîtrise de soi. Au contraire, tout incite à donner libre cours à ses pulsions. Or la perte des repères prospère sur ce déferlement. Et l’histoire des civilisations témoigne au contraire qu’il n’y a pas d’accomplissement personnel, pas de société humaniste dans son ensemble non plus, sans maîtrise des instincts et des passions.
L’Académie souhaite attirer l’attention des éducateurs sur la nécessité d’une éducation des jeunes à la maîtrise de ses désirs. Savoir attendre ; savoir s’engager dans la durée ; savoir choisir ce que l’on doit plutôt que ce dont on a envie…
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C’est à partir de pistes concrètes de ce genre que la crise des repères pourra être surmontée. Elle a vocation à l’être. L’une des conclusions que l’Académie d’éducation et d’études sociales tire de cette année de travaux est qu’il n’y a aucune fatalité à la dérive, dès lors que l’on accepte de réfléchir loin du brouhaha des slogans.